Le Réseau Alice : le plus grand réseau d'espionnes de la Grande Guerre
Vidéo par Un Odieux Connard
Le saviez-vous ? Le Réseau Alice c’est le nom du roman de Kate Quinn que nous venons de sortir, mais c’est surtout celui du plus célèbre réseau d’espionnage de la Grande Guerre. Et quand on parle d’espionnage, on veut surtout parler d’espionnes, de véritables héroïnes au courage d’acier sans qui la victoire était loin d’être assurée.
Et… quelle coïncidence ! C’est justement ce Réseau Alice qui est au centre de l’intrigue du livre de Kate Quinn. Alors certes, l’action y est romancée, des personnages fictifs se sont glissés entre les pages de l’Histoire mais ils rencontrent au fil des mots les grandes figures historiques de cet illustre réseau de résistantes et de résistants dont je vais vous parler maintenant.
Louise de Bettignies alias Alice Dubois, la reine des Espionnes
Impossible de parler du Réseau Alice sans évoquer l’immense présence de sa créatrice et tête pensante : Louise de Bettignies. Sans trop en révéler de cette figure incontournable de la résistance française pour ne pas gâcher votre lecture (car la plupart des situations présentées dans le livre sont véridiques), Louise de Bettignies était une femme d’exception que rien ne prédestinait à cette profession dangereuse et mal vue à l’époque.
Issue d’une grande famille bourgeoise de la fin du XIXe siècle, son origine sociale et son éducation n’auraient pas dû l’amener à devenir l’une des espionnes les plus célèbres (avec Mata Hari, Edith Cavell ou Gabrielle Petit) de l’Histoire des deux Guerres Mondiales. Une célébrité toute relative en France car elle est encore trop peu connue de nous autres, compatriotes français, qui entendons rarement parler de ses hauts faits.
Car, il faut le savoir, c’est bien la vie de milliers d’hommes sur le front que Louise a sauvée (avec l’aide de son réseau d’informatrices et d’informateurs comptant une centaine de personnes) grâce aux informations qu’elle arrivait à transmettre clandestinement à l’Intelligence Service anglais. C’est grâce à son courage, à son ingéniosité et à ses compétences linguistiques que Louise de Bettignies sous son surnom d’Alice Dubois arrivait à transmettre des rapports concernant un énorme segment du front allemand d’une précision et d’une rapidité inégalés. Ce n’est pas un hasard si les anglais disaient d’elle : « Les services rendus par Louise de Bettignies sont inestimables, s’il devait lui arriver quoi que ce soit, ce serait une véritable calamitée » et si les allemands (en dépit de leur fureur) étaient eux aussi complétement impressionnés par son travail d’espionnage d’une exactitude remarquable.
C’est ce qui transparait dans le traitement que fait d’elle Kate Quinn, présentant Louise de Bettignies comme la force de la nature qu’elle était, en respectant scrupuleusement les grands épisodes de sa vie et en gravant dans nos esprits l’image de tempête vitale qu’elle devait être !
Le Réseau Alice, des situations et personnages pas si fictifs que ça
Louise de Bettignies n’est pas la seule à briller dans sa caractérisation historique très juste et proche de la réalité. Kate Quinn a en effet mis un soin tout particulier dans la manière dont elle présente le réseau de celle qu’on appelait La Reine des Espionnes.
D’autres personnages clés du Réseau se retrouvent entre les pages du roman de Kate Quinn. Marie-Léonie Vanhoutte par exemple (nom de code Charlotte Lameron dans la réalité et appelée Violette dans le livre) a vraiment existé. Elle était une infirmière de guerre pour la Croix-Rouge avant d’intégrer le réseau de Louise de Bettignies et de devenir son amie et bras droit. C’est d’ailleurs de ses souvenirs consignés par son mari Antoine Redier dans La Guerre des Femmes que beaucoup d’informations sur Louise de Bettignies sont parvenues jusqu’à nous et c’est entre autres grâce à ce livre que l’autrice a pu décrire avec précision les membres et l’organisation du Réseau Alice.
Un autre personnage historique que l’on découvre dans le roman, est le capitaine Cameron (nom de code oncle Edward et Evelyn) qui a recruté à la fois Louise de Bettignies mais aussi Léon Trulin, un résistant français connu, et qui supervisait aussi le Réseau Alice.
La précision historique de Kate Quinn, on la retrouve également dans la description qu’elle fait des événements qui ont marqué la vie du réseau (avec par exemple la tentative d’assassinat du Kaiser ou la transmission d’informations sur la future bataille de Verdun malheureusement ignorée par les généraux français) et dans celle des techniques d’espionnage employées par ses membres pour récolter leurs informations et transmettre les messages codés (enroulés autour de bagues, d’épingles à cheveux, ou cachés sous des gâteaux…).
Finalement, si Eve que l’on suit en 1915 et Charlotte en 1945 sont toutes deux fictives ainsi que leur histoire, une grande partie de la galerie de personnages que l’on rencontre et des situations auxquelles on assiste dans le roman sont véridiques. Par ce truchement, les personnages de cette histoire trop méconnue, commencent à vivre en nous, et gagnent en texture, nous donnant envie d’en savoir plus sur leurs exceptionnels destins.
Un roman résolument féministe
Parce que c’est aussi ça Le Réseau Alice, un livre qui jette une lumière nécessaire sur des personnes, sur des femmes surtout, trop peu connues alors même qu’elles ont tout sacrifié pour la préservation de la vie et pour leurs idéaux. C’est en ça que le roman est résolument féministe, il nous présente l’effort de guerre caché (mais considérable) que les femmes ont pu mettre en œuvre dans la protection de la « nation » durant la Grande Guerre.
Ce coup de projecteur ; il est particulièrement nécessaire pour replacer le rôle majeur que ces femmes ont joué au centre de l’Histoire (la grande, la vraie) en les montrant comme les héroïnes incontournables qu’elles ont été. Il permet aussi de rectifier le traitement parfois injuste dont elles ont fait l’objet ; souvent oubliées au profit d’autres figures masculines dans les livres d’histoire. Il est par exemple fou de penser qu’aucune rue ou impasse ne porte le nom de Louise Bettignies à Paris et que seule une statue à Lille témoigne du sacrifice qu’elle a accompli pour la France.
C’est ça aussi que Le Réseau Alice s’évertue à corriger en mettant à l’honneur celles qui ont choisie de mettre en péril leur vie au service du plus grand nombre et c’est aussi pour ça qu’il nous a paru si nécessaire, aux Editions Hauteville, de publier ce livre pour que vous puissiez toutes en profiter.