A l'occasion de la sortie du Réseau Alice en février, Kate Quinn a répondu à toutes nos questions sur son processus créatif, ses personnages et sur le rapport qu'elle a tissé avec la figure historique de Louise de Bettignie qui vitalise tout son roman. 

 

 Quelles étaient vos inspirations pendant l’écriture du Réseau Alice et qu’est-ce qui vous a le plus intéressé dans cette période particulière de l’histoire de France ?

J'ai lu un merveilleux livre de non-fiction intitulé Women Heroes of WWI de Kathryn Atwood, qui contenait un chapitre sur Louise de Bettignies et le « Réseau Alice » historique.  Son histoire m’a ravie ; je n’arrivais pas à croire que je n’avais jamais entendu parler d’elle ou de son réseau au cours de tous mes cours d’Histoire. L’idée d’entremêler une partie de la narration se déroulant dans l’après Seconde Guerre Mondiale avec une autre se passant durant la Grande Guerre est arrivée après, alors que j’ai commencé à réaliser que je voulais montrer comment les deux guerres étaient liées dans l’Histoire Française. Aux Etats-Unis, on nous enseigne que les deux guerres constituent deux époques bien distinctes, mais nous avions le luxe d’être séparés du champ de bataille par les océans. Pour la France et pour beaucoup d’autres pays européens, les deux guerres étaient beaucoup plus liées, formant presque une seule guerre avec vingt  ans de pause au milieu. Je voulais que Le Réseau Alice et ses deux temporalités se fassent le reflet de cela.

 

Quel a été votre processus d'écriture pour Le Réseau Alice ?

J’ai écrit les deux lignes temporelles en même temps, en faisant des aller-retours entre celle de 1915 et celle de 1947. Ces va-et-vients pendant l’écriture du livre m’ont permis aussi de tisser des parallèles entre les deux histoires et les deux héroïnes.

 

Quelles recherches historiques avez-vous entreprises lorsque vous avez commencé à écrire Le Réseau Alice ?

J’ai lu tout ce que je pouvais trouver sur l’espionnage et les réalités de la vie dans la France occupée pendant la Première Guerre Mondiale. J’ai la chance d’avoir une amie très chère qui parle parfaitement français et allemand et qui m’a aidée dans mes recherches et dans la traduction des livres et articles qui n’étaient pas en anglais. Elle a des cousins qui vivent dans la région de Lille et après avoir fait quelques recherches dans leurs propres lettres et archives de famille, elle a finalement découvert que ses arrières-grandes-tantes et oncle connaissaient Louise de Bettignies, et faisait probablement partie de son réseau d’informateurs. Avec la permission de la famille, je les ai inclus dans Le Réseau Alice comme personnages secondaires, un vendeur de livres devenu contrefacteur de documents officiels appelé Antoine et sa sœur adolescente, Aurélie.

 

Quel est votre personnage préféré dans Le Réseau Alice ?

Louise de Bettignies a illuminé chacune des pages dans lesquelles elle est apparue, et j’en suis venue à être remplie d’une très grande admiration pour son courage, sa vaillance, son sang-froid sous la pression, sa générosité sans limites dans la manière dont elle s’est occupée de ses amis au sein du réseau et la merveilleuse inconscience avec laquelle elle a fait face au danger. Elle est une vraie héroïne de l’Histoire, et j’aurais voulu la rencontrer en personne.

 

Qu’est-ce que le Lecteur peut apprendre des deux personnages principaux du roman mais aussi de la vie de Louise de Bettignies ?

Que les femmes sont et ont toujours été capables de grands actes de courage, d’endurance, de patriotisme et d’abnégation durant les périodes les plus noires que l’Histoire nous a donnés.

 

Si le lecteur devait  retenir une chose en lisant Le Réseau Alice, qu’est-ce que cela serait ?

Il vaut toujours mieux être une fleur qui croît malgré l’adversité et le mal, plutôt qu’une fleur posée en sécurité dans un vase. Et sinon, porter des chapeaux moralement questionnables est toujours une bonne idée.

 

Pour vous, est-ce que Le Réseau Alice est un livre féministe ? Est-ce que c’était votre souhait de donner une représentation plus fidèle des femmes et de leurs contributions durant la Première Guerre Mondiale que celle que nous voyons d’habitude dans la fiction ?

Mon but était, comme dans chacun des livres que j’écris, de raconter l’histoire de femmes courageuses qui sont trop peu connues de l’Histoire en les mettant en lumière. Ces femmes ont existé à chaque époque ; on les trouve juste plus souvent dans les craquelures de l’Histoire plutôt qu’au centre des livres scolaires. De telles femmes, quelle que soit la période pendant laquelle elles ont vécues que ce soit pendant la Première Guerre Mondiale ou même la Rome antique, méritent d’être célébrées. Est-ce que cela fait du Réseau Alice un livre féministe ? C’est certainement un livre qui célèbre sans équivoque l’intelligence, la bravoure, les compétences et parfois la férocité de ces figures féminines historiques, et qui, je l’espère, inspirera les femmes d’aujourd’hui à les honorer et à suivre leur exemple.  

 

 Nous adressons tous nos remerciements à Kate Quinn pour avoir répondu à nos questions et à ses agents pour les lui avoir transmises.

 

 

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